Développement durable: "Adapter les démarches entreprise par entreprise"

(prononcé au Paperjam Business Club, 10x6 Développement durable, le 28 juin 2017. Vidéo)
Monsieur le Ministre, Mesdames, Messieurs,

Ce soir, j’aimerai profiter de l’occasion pour clarifier et affirmer un point très important : pour les entreprises, la contribution au développement durable passe inévitablement par un engagement RSE. Voilà qui est dit de manière péremptoire et vous laisse peu de marge de manœuvre, n’est-ce pas ?

Mais je peux m’en expliquer. En effet, une politique RSE agit sur 3 piliers :

1. Elle améliore votre gouvernance, notamment la prise de décision, et la gestion de vos relations avec vos parties prenantes.
2. Elle permet une gestion responsable de vos collaborateurs alias vos RH.
3. Et enfin elle optimise et/ou réduit vos impacts environnementaux (optimisation des transports, gestion des déchets, réduction de la pollution).

Première déduction pour les entreprises : Il n’y a pas une seule voie vers le développement durable.

Il y en a même plein, autant que d’entreprises pourrait-on dire et il n’y a pas de recette unique pour contribuer au développement durable.

Ainsi, si vous réussissez à mettre en place un cycle de vie parfaitement circulaire pour vos produits, mais que vous stressez vos collaborateurs et ignorez leurs besoins en formation, votre action ne sera pas durable.

Ou encore, si vos véhicules pros circulent tous à l’électricité, mais que vos salariés les conduisent en téléphonant sans système mains-libres et que vos chantiers ne sont pas sécurisés comme ils le devraient, votre action ne sera pas non plus durable.

La RSE vous permet d’identifier TOUS vos impacts. A vous ensuite de les faire disparaître, cas idéal, ou de les réduire autant que possible.

Deuxième déduction : Chaque entreprise est différente.

Et donc chaque entreprise a des impacts différents, dont l’importance est relative.

Toutes les entreprises ont ainsi un impact carbone. Cet impact sera stratégique pour une société de bus, beaucoup moins pour une fiduciaire.

Une politique de gestion de la diversité dans un cabinet d’avocats de 100 personnes fait du sens. Tenter la chose sur une PME de 3 personnes déjà moins.

Il faut impérativement adapter les démarches de développement durable, entreprise par entreprise, et le one size fits all est à proscrire. Je ne sais pas si Monsieur Bausch a compris que je ne suis pas en faveur de législations contraignantes, mais j’aurai fait de mon mieux.

La RSE est donc un outil de gestion stratégique pour votre entreprise. Elle l’aide à reconnaître ses impacts et à les hiérarchiser. Pourquoi est-ce important ? Pour concentrer vos efforts sur ce qui fait du sens, sur les impacts « matériels », et ne pas les gâcher sur des détails, fussent-ils à la mode.

Voilà pour l’importance de la RSE dans le développement durable faits par les entreprises.

Mais quid de l’importance des entreprises dans le développement durable en général ? Winston Churchill a apparemment dit “On considère le chef d'entreprise comme un homme à abattre, ou une vache à traire. Peu voient en lui le cheval qui tire le char.” Dans certains milieux que je fréquente plus régulièrement ces dernières années, je peux vous confirmer que ce constat est toujours d’actualité.

A l’INDR, nous sommes convaincus que les entreprises sont ce cheval et ont un rôle fondamental à jouer dans le développement durable. La société civile commence tout juste à prendre conscience des enjeux, mais beaucoup de résistances au changement se font sentir. Les pouvoirs publics, autre acteur du développement durable, agissent de plus en plus sur le cadre international et national, mais ils souffrent des difficultés à trouver des accords entre tant de parties prenantes et d’une société civile encore relativement tiède. N’est-ce pas Monsieur Bausch ?

Les entreprises, elles, peuvent agir sans attendre une quelconque contrainte externe. Pourquoi devraient-elles le faire alors ? Juste pour faire bien, genre greenwashing lave plus vert que vert ? Bien sûr que non. Elles doivent le faire car elles y ont un intérêt et l’intérêt, qu’on le déplore ou non, est un puissant moteur d’action dans nos sociétés occidentales.

Cet intérêt est évidemment celui de la création de valeur pour elle-même sous forme de compétences, de production et bien sûr de profits bassement financiers. MAIS, on constate que l’entreprise extrait toute la valeur dont elle a besoin pour fonctionner dans son environnement économique - la société et la nature – sous forme de salariés, de ressources matérielles, de clients, d’infrastructures publiques. La meilleure stratégie à moyen et long terme pour une entreprise est donc de préserver durablement cet environnement économique dont dépend son existence même. Une entreprise responsable et durable ne pourra créer de la valeur qu’à condition que cette création de valeur soit partagée avec son environnement économique, la société et la nature, donc.

Ce soir, il n’y a que des amis de l’INDR qui prennent la parole. Chacun a son engagement fort au service du développement durable, que cela soit avec ou OUNI emballages, que cela soit circulaire, social, environnemental ou sociétal. Nous soutenons leur action en diffusant leurs initiatives parmi les entreprises, car elles appartiennent toutes à l’un ou plusieurs des piliers de la RSE : gouvernance, social ou environnement. Certains orateurs et sponsors font même partie des 132 entreprises labellisées Entreprise Socialement Responsable par l’INDR. Ensemble, nous créons tous de la valeur partagée pour le Luxembourg. Je les en remercie… et vous remercie pour votre attention.

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